à propos du travail de Coralie Courbet (2008)

 A propos du travail de Coralie Courbet

Déplacer les briques jour après jour pour qu’il ne reste que l’énergie du déplacement et rien d’autre qui pourrait nous faire croire  à une possible conservation du travail . Bouger, porter. Au début est le geste : creuser, pilonner, arracher . Un geste dur et affirmé entraînant des poids de terre à la limite du déplaçable. Un geste parfois emprunté à d’autres qui dans le profond des ateliers tassent les briques, les rangent  et les empilent. Elle les déplacera,   tentera de bâtir des temples éphémères, nous obligeant à regarder ces briques comme des traces indispensables à nos intimes constructions. Elle fabrique  pour ne plus avoir peur. Elle inscrit son monde dans  une pratique universelle de la céramique pour se relier, se rattacher sans effets de style, sans prouesses . Elle émaille, elle cuit, elle défourne des masses improbables, des volumes englués d’une glaçure blanche, puis devenue rouge, organique, dégoulinante. Tout est toujours montré dans la complexité de nos rapports. Elle installe, mêlant les temps, les visions, elle démontre puis se tait. C’est ce silence qui pèse ; lourd, grave, d’exposition en performance il prend corps,  incontournable, comme une évidente affirmation de nos questionnements, qu’elle nous révèle par une pratique fidèle, à la terre qu’elle malaxe seule face au Sancy, mais aussi au dessin avec lequel elle joue en toute ingénuité camera au poing. 

PG  été automne 2008

PG