Les outils

04 oct. 20

« il faut faire avec le matériel existant !»

Prendre plutôt qu’apprendre.
Pour les plus importants, mes outils de modelage viennent directement du monde qui m’entoure. Branche de buis abattu il y a quelques années à Saint- Pierre-La-Vieille, galets et os ramassés sur la plage du Bouffay à Commes, ferraille récupérée sur les blockhaus et reforgée (" rien n'est jamais perdu " avais-je écrit à propos de ces fers de guerre rehabilités). Les outils participent à l’ancrage, à l’immersion et induisent une lecture « utile » du paysage.
Je suis lecteur-cueilleur.
Mes yeux trainent tout au long des promenades et repèrent ce qui pourra servir. L’utilisable outil.
Voir plutôt que savoir.
Tout est susceptible de convenir. Il n’y a pas de prérequis puisqu’aucun projet particulier n’y est attaché. Il faut trouver ceux qui seront pratiques et ceux, surtout, qui diront le vent et la pluie. Ceux qui diront les embruns sur la peau et le gris du ciel.
Le monde du dehors retrouvé, le temps du façonnage, dans l’atelier. Car toujours, quand je les utilise, je retrouve dans la main, les sensations éprouvées lors de leur ramassage. L’odeur de la mer et la terre des sentiers. Ils me parlent, me redisent la promenade, me racontent la vie des arbres et les vagues qui les roulèrent.
Ils pourraient venir de Lomekwi (°), rien ne les en diffère. Pas de technologie, pas de sophistication, pas de spécialisation. Une simplicité indispensable - ouverte.
Des morceaux de bois et des cailloux indispensables.
Primaires.
La dureté de la branche de buis écrit la profondeur des graffitis. Des galets dépend la surface des pots. Les outils ne servent pas, ils décident. Ce sont eux qui écrivent. Les mains suivent. Elles font avec, s’adaptent. Et finalement, s’y font.

(°) Lomekwi est un site archéologique du nord du Kenya qui a livré les plus anciens outils que l'on ait jamais trouvés (3,3millions d'années).