fragments et miniatures (2008/12)
02 avril 2011-10h30 - le brûleur du petit four ronronne et déjà les premières pièces commencent à cuire … il fait doux , les oiseaux chantent très fort et un léger vent fait battre la porte de la salle des fours…
je cuis des éclats de terre que je vais confronter aux peintures de bernard à Lisieux … j'émaille à outrance mais qu'en restera t-il? la fusion implique une telle perte de matière … un tel resserrement des éléments.…chaque pièce fait l'objet d'une petite expérience … rien qui fera trembler le monde! ; mais de petites hérésies techniques qui devraient chambouler la logique des transformations .
je joue avec les couleurs , allant parfois aux lisières de mondes qui me font peur : des jaunes ensoleillés , des rouges assourdissants ...comment tout ça peut-il se côtoyer?… pourtant le rose des fleurs de pécher parait à sa place sur le marron des branches . comment échapper au confort des couleurs terreuses? ... la couleur de l'émail m'entraîne dans l'intranquilité au bord du "mauvais goût"… j'aime cette incertitude …j'émaille de plus en plus avec les mains… réduire la distance , supprimer le pinceau et se rapprocher des gestes qui ont modelés la terre . la taille restreinte des pièces me fait travailler du bout des doigts . un geste bêtement précieux puisque le résultat n'ira pas dans ce sens .. tout devient baveux , mouvant.
17h - j'ai hâte de placer ces pièces près des peintures , car là, dans l'herbe, au sortir du four, tout est confus … rien n'apparaît que par éclair, des furtives visions qui me font penser que c'est possible … pourtant tout est en trop dans cette juxtaposition d'émaux et d'engobes. l'ensemble me heurte, mais j'ai le sentiment que c'est là qu'il faut aller: montrer les bouillonnements, les retraits, les sur-cuissons . ces petits extraits ne sont faits que de défauts mais c'est de ça que surgit le sentiment de vie… le ciel s'est couvert; la promesse de l'été s'éloigne déjà! . …( journal 2011)