de quelques informités

21 feb. 13

En introduction à l'exposition. 

 

À quoi ressemble une pierre?  qu'est-ce qui pourrait ne ressembler à rien d'autre qu'à une pierre? La question de la forme se pose dès les premiers gestes; élaboration : où aller? que faire? … j'aime quand les doigts se battent dans une terre qui souvent s'écroule, se dérobe et résiste.  Quand, elle, décide de ce qu'il adviendra … ou plus exactement : de ce qu'il advient. ( le présent étant le seul temps du travail). Les images surgissent mais les doigts les effacent … ne rien représenter ou ne représenter que ce qui n'aurait pas de forme : l'informe, l'à peine entrevu, l'amorphe … pas de formes précises, seulement de vagues idées, des images furtives, floues, qui nous laissent deviner des cailloux et des arbres. Laisser les choses se faire … regarder le vent modeler les nuages ou … faire des pierres … puis les cuire … Cuire, re cuire et re cuire encore … faire de la ceramique, puisqu'elle elle ne se définit que par cet acte!  Ces "quelques informités " illustrent l'aphorisme. Toutes les pièces sont  issues de cuissons répétées. Impossible de décider quand m'arrêter. Remettre une couche, rallumer le bruleur et attendre demain, attendre le froid  et le regard reposé qui me dira si la pièce est finie, au bout … à son bout … Voir si elles se tiennent autour de leurs ventres vides. Voir si leurs peaux sont suffisamment riches d'aventures, d'imprévus, riches d'accidents mis en scènes systématiquement et minutieusement observés. Voir si, ainsi cuites, elles échappent alors à mes attentes et prennent cette autonomie qui me sépare d'elles … Momentanément, au moins, car il y aura toujours un temps  ou je ne pourrai résister à les remettre au feu. Rajouter une strate de matière, surcharger la couleur, m'éloigner de la terre nue trop obscène pour que je m'en contente … Des pierres enrobées …