résidence vernissée

Arrivés depuis quelques jours chez Jean-Nicolas Gérard,
je me suis mis au travail le plus rapidement possible ... pas facile d'appréhender la terre utilisée à d'autres fins que celle à laquelle je la destine. Pas facile de voir comment je vais pouvoir me couler dans une technique qui, mise à part ce que quelques artistes en ont fait, est restée en grande partie assez traditionnelle. Je suis ici car je veux essayer de saisir les relations qu'il pourrait y avoir entre le raku et la terre vernissée. Les relations techniques en tout cas, les passages, car du côté des définitions plus théoriques rien ne les rapproche. La légèreté joyeuse de la terre vernissée, s'oppose à la sérieuse religiosité du raku, (il y a dans l'histoire du raku un élitisme qui est étranger à l'histoire de la poterie vernissée)… pas facile de saisir en quelques jours les tenants de cuissons plus lentes et plus élevées que celles que je fais habituellement. Mais ne restant qu'une dizaine de jours, tout se joue sur le déséquilibre, la mise en difficulté temporaire et l'incertitude devant des résultats que je n'aurai pas le temps de remettre en cause ... tout se joue aussi sur l'échange entrepris avec Jean-Nicolas à propos de nos expériences réciproques ... des choix de vie différents, des choix de travail différents pour servir un axe commun : faire de la céramique, et le faire avec une technologie réduite au minimum. Nos racines esthétiques sont les même et peut-être d'ailleurs sont elles typiques de notre génération : la découverte des pièces japonaises; je veux parler des pièces rudes et rugueuses liées à l'esthétique wabi, mais aussi la prise en compte de la céramique populaire occidentale comme celle de toutes les poteries produites en Afrique et dans les pays qui ont encore conservé leurs productions premières. Les livres nous parlent de poteries primitives. Nous avons toujours eu le sentiment que ces productions portaient en elles les sens qui nous importent ...l'image de notre rapport à la nature, la pratique comme raccourci de notre rapport au monde...comme une philosophie faite à la main. Tout ça nous rapproche, tout ça nécessitait ma venue.