regarder la peinture

01 aug. 16

et tenter de la décrire.

12 X 12, c’est ce qui est marqué au dos de la peinture et qui définit la taille du châssis. La peinture elle, est plus grande … un peu plus d’une quinzaine de centimètres sur un coté et peut-être treize ou quatorze de l’autre ce qui rompt le carré d’origine m’obligeant par le rectangle obtenu à en définir le sens : paysage ou portrait. La peinture déborde. Elle sort du format et gagne le monde en rampant. La matière qui semble avoir été pâteuse est composée de couches superposée de mousses et fibres plastiques plus ou moins épaisses, se rabattant sur l’arrière comme pour tenir la toile et le châssis prisonniers. Le petit morceau de toile visible derrière est d’ailleurs fort contraint. Cinq ou six couches semblent avoir été nécessaires. La dernière est plus vernie et constellée de myriades de micro-bulles qui embarquent la lumière dans de toutes petites zones de brillance. Chaque strate est porteuse de sa propre couleur. D’abord une mousse rose qui rappelle les chamallows et qui, débordant de la toile à l’arrière, s’attache au bois du châssis. Puis une couche jaune très acide et très peu visible mais dont la présence éclaire l’ensemble de la peinture. Un vert ensuite qui se mêle au jaune au point que j’en hésite sur l’ordre … peut-être aurait-il été posé avant? Un passage au noir obscurcit le tout et appelle l’avant dernière couche blanche. Ces deux couches étant plus fibreuses que les autres comme la résine polyester que l’on étale sur les kayaks … enfin le vert, plus jaune que le premier et plus transparent s’étire et termine l’ensemble, dégueulant un peu, au delà des bords. Donnant l’impression de s’étaler sur le mur environnant comme pourrait le faire un morceau de guimauve. L’ensemble est plutôt vert avec le noir et le blanc qui donne l’épaisseur et l’impression de mille feuilles. Un pigment vert peu mélangé orne la dernière couche de petits points de couleur plus forte et plus foncée qui tente de rivaliser avec des effleurements de jaune. L’épaisseur finale varie du plus fin (Trois centimètres, en haut à gauche) au plus épais ( quatre centimètres, en haut à droite), entrainant la peinture dans le monde de la sculpture. L’objet, pourtant, reste léger … trop peut être pour une sculpture et pas assez pour une peinture, ce qui lui confère cet entre deux si particulier car de fait, il devient les deux à la fois. On en regarde les reliefs de la matière comme autant d’ombres et de lumières. on pense à de la bave, un pavé de bave colorée. Enfin, des craquelures de retrait commencent à naître, qui vont évoluer. L’une d’elle, ne concernant que la dernière couche en haut à gauche, est déjà bien présente.
Cette peinture, extraite de la série"les grotesques" réalisée en 2015, m’a été offerte par Bernard Legay le samedi 30 juillet 2016.