les gravures de Kirkeby

Visite hier de l’exposition des gravures de Per Kirkeby.
Gravures effectuées dans le grand nord lors de voyages sur les iles Féroé et au Groenland. Face aux paysages arides, Kirkeby grave directement sur les plaques de cuivre qu’il a emmenées avec lui. Impressions directes, sensations brutes du silence imposé par les lignes des paysages qui s’offrent à ses yeux. Geologies glaciaires. Roches, eau, montagnes, ciel et herbes. Vision chthonienne de la nature au-delà même de l’humanité. Les quelques 80 gravures présentées sont remarquables et me renvoient au travail de Talcoat … proximité sensible. Recherche commune de ce silence par l' approche rapide et totalement immersive du regard. Une vidéo dans l’exposition montre Kirkeby sur les bateaux qui le rapprochent des terres glacées. On le voit emmitouflé gravant, comme on voyait dans le film de la fondation de Kerguehenec, Talcoat dessinant dans les carrières … avec peut être plus de frénésie pour ce dernier venant de la pratique du croquis. Ces hommes entretiennent une relation vécue avec la nature. Leur passé ( l’un est géologue et l’autre fils de marin pécheur élevé sur les cotes bretonnes) les construit avec cette sensibilité et rien dans leur travail n’est dit d’une quelconque position intellectuelle … les peintures et les dessins s’imposent. ”Le travail artistique EST tout simplement” dit Kirkeby. J’en comprends l’idée d’un certain retrait ; quelques pas en arrière du monde pour s'éloigner du bruit et avoir ainsi une vision plus distanciée. Un temps absolument présent aussi. Cherchant à retranscrire immédiatement les sensations vécues. Ils font juste ce qu’ont toujours fait les artistes: essayer de trouver une petite once d’universalité dans la singularité de leur présence au monde.
Le jour tombait quand nous avons quitté le musée et les flèches de l’église Saint Pierre de Caen s’érigeaient dans un ciel éclatant… comme sur une mauvaise chromo.