de nos obsessions

26 jul. 13
Tout s'organise pour retrouver la sensation un jour vécue

devant  quelque chose, quelqu'un qui nous a particulièrement  touché. Le tigre céladon que Jean François Fouilhoux  vit au musée Guimet, la coupe blanche que Palissy croisa  et qui le fit chercher sa vie entière. Tout s'organise à retrouver ce qui d'un coup nous a semblé résumer le monde au point  que ça devienne l'axe de notre vie. 
Il faudra alors multiplier les expériences, chercher de tous les côtés à refaire ce monde pour qu'il devienne nôtre. Le travail nous entraine dans des contrées insoupçonnées,  des territoires imprévus  qu'il nous faut  défricher un moment et qui irrémédiablement  nous ramènera à ces émotions premières. Refaire alors et rechercher, recommencer pour essayer de dépasser l'insatisfaction, avec l'idée que peut -être jamais on n'y arrivera. Que peut être jamais approcherai-je la couleur si complexe de la xanthorie, cette vibration spécifique qui existe  entre le vert-jaune du lichen et l'orange de ce petit champignon poussé sur la branche.  Une vibration si tenue et si éphémère qui me bouleverse à chaque fois que je peux l'entrevoir, au point que je n'ai de cesse d'essayer de la pérenniser.  D'autres  opportunités me firent un jour découvrir  comment le chrome est capable de passer du vert au orange en présence de plomb. C'est vrai que c'était écrit dans les livres !… mais encore faut-il qu'un jour ça se passe à l'atelier, pour le croire ! Et depuis,  je considère ces deux couleurs comme complémentaires dans une réalité chromatique spécifique à la céramique … autant qu'à la forêt.